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I LOVE ALSACE
4 août 2012

Ciel! Mon mari est muté en Alsace...

ciel3

Laurence Winter est née à Mulhouse et vit à Strasbourg, elle est chargée de communication dans une grande banque régionale. Elle nous explique, grâce à ses chapitres clairs et drôles comment devenir un "Alsacien de coeur et d'adoption", écoutons son avant-propos:

"Ayant observé des réussites manifestes, des ratages dont on rit encore et ayant répondu à de multiples interrogations d'immigrants "de l'Intérieur" (cad du reste de la France) sur le comportement des Alsaciens, l'idée m'est venue de préparer ce petit manuel, d'autant que les nouveaux arrivés semblent "s'user" beaucoup plus vite qu'avant. Certains doivent, en effet, faire face à des réactions de rejet violent trois mois seulement après leur prise de poste. D'autres démissionnent au bout de six mois! L'Alsacien a-t-il des réactions plus rapides qu'autrefois? Est-il plus sûr de lui, pour dire de but en blanc leur fait à tous ces "bessera Litt" (ces Messieurs)? Perd-il ses complexes vis-à-vis de la capitale (la décentralisation)? Est-ce le résultat de la construction européenne: on a une part de culture germanique, et alors? Ou est-ce qu'on nous en envoie des "schlechter" (des pires)?

Parmi les nouveaux arrivés, il y a ceux qui ne savent jamais où ils sont: ils surfent sur les pays et se comportent ici comme ils se comportaient hier en Grande-Bretagne et demain en Amérique Latine. Intéressant... On ne tarde pas à apprendre qu'ils sont à l'origine des problèmes partout où ils sont passés. Il y a ceux à qui on dit que l'Alsace était différente, mais qui conjurent le sort en se comportant comme s'ils étaient ailleurs: " Ce que l'on raconte de l'Alsace, c'est des histoires, je vais faire comme dans mon poste précédant..." L'Alsace finit toujours par les rattraper. Il y a ceux qui se contentent de dire: " Ich bin ein Elsässer" (ça, c'est de l'allemand, malheureux!) avec un accent français pas possible ou qui proclament d'un air extasié au bout de quelques mois passés ici: "Ca  y est, je suis intégré. J'ai entendu quelqu'un dire du bien de moi!" Ces Hergeloffeni/Hargeloffene (immigrants) n'ont vraiment rien compris: ce n'est pas à eux de décider qui est intégré ou qui ne l'est pas. L'Alsace ça se mérite: il y a des règles, je dirais presque de politesse, à respecter.

Il y a également ceux que nous connaissons bien en Alsace: ils viennent évangéliser les sauvages. On les a connus Allemands, Français, avec ou sans uniforme. Ils attirent des remarque du genre: "Des comme ça, on en a connu en casque à pointe!" ou cette sentence que l'on trouve sur des poteries ou en broderie: "E visit macht allewill Freid, wenn's nit isch wenn sie ankummt isch's wenn sie furtgeht." (Une visite fait toujours plaisir, si ce n'est quand elle arrive, c'est quand elle s'en va.)

Il y a enfin et heureusement tous ceux dont l'esprit est ouvert et qui se font adopter. Ils sont considérés comme "d'ici" quelle que soit leur origine.

Comme l'a fait remarquer quelqu'un qui a réussi son intégration: "L'Alsace, c'est un club". On est coopté ou on ne l'est pas, point. Nous dirons qu'on est "aimé" ou qu'on ne l'est pas. L'Alsacien fonctionne beaucoup à l'affectif.

L'Alsace est, en effet, loin d'être cette région hostile où "il fait froid et où les habitants sont trop sérieux". Elle sait accueillir et la chaleur humaine compense la froideur supposée du climat. Ses habitant ne sont pas une tribu homogène et fermée où l'on ne s'introduit pas: ce sont tous peu ou prou, des Hergeloffeni.

Ce qui la différencie des autres régions à culture spécifique comme la Bretagne ou la Corse, c'est la diversité d'origine de ses habitants. On n'y rencontre guère de descendants des chasseurs de mammouths de la vallée de la Bruche: l'Alsace a été si souvent terre d'invasion et champ de bataille!
 Après la guerre de Trente Ans (1618-1648), la région était très largement dépeuplée. Des immigrants venus de Suisse, du pays de Bade, de Souabe, de Lorraine, du nord de la France s'y sont alors installés. Louis XIV fit venir des artisant bavarois catholiques. L'Alsace a vu plus tard arriver des Italiens; des Polonais sont venus travailler dans les mines de potasse. Puis ce furent les réfugiés chassés de chez eux par les guerres ou les convulsions géographiques (Pays Baltes, Pologne, Ukraine) ou des Hongrois venus après le soulèvement de 1956 des rapatriés d'Algérie, des Maghrébins, des Turcs...

"Etre Alsacien", ce n'est pas avoir des gènes particuliers, mais aimer l'Alsace et s'en faire aimer. A vous de jouer!


L'auteure: Laurence Winter

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Commentaires
M
sylpa comme tout cet article et très explicite !!<br /> <br /> j'ai bien reçu votre petit message , pas de soucis , comment fais t'on !!!<br /> <br /> bises<br /> <br /> muriel
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